Le territoire

Le Siarce se situe sur le bassin versant IF5 Juine-Essonne-Ecole (1 926 km2), communément appelé bassin versant de l’Essonne, et représente 29 % de son territoire (560 km2). Le reste est occupé par d’autres Syndicats de rivière (SIARJA, SEMEA, SMORE).

Climat et géologie

La position du bassin versant de l’Essonne au sein du Bassin parisien en fait une région au climat tempéré à influence océanique. La pluviométrie est relativement homogène sur l’ensemble du bassin versant et la moyenne annuelle de précipitations est de 592 mm. Les précipitations enregistrées sont moins significatives les 4 premiers mois de l’année (janvier-avril).  Les températures sont globalement assez douces et proches des moyennes observées en Ile-de-France avec une température moyenne annuelle de 10,8 °C.

Le bassin versant de l’Essonne est un bassin sédimentaire composé d’une succession de formations géologiques sédimentaires du Trias jusqu’à l’actuel. Au cours de son parcours depuis le plateau de Beauce, l’Essonne traverse et érode différentes formations de ce bassin : calcaires de Beauce, sable de Fontainebleau, calcaires de Brie, marnes vertes. Le fond de vallée est tapissé d’alluvions plus ou moins récentes mélangées à des colluvions produites par les versants abruptes et friables. Ces produits de l’érosion s’accumulent progressivement et peuvent atteindre plusieurs mètres d’épaisseur dans la partie aval du bassin.

A la fin de la dernière époque glaciaire, des tourbières se sont formées en fond de vallée. Aussi, de la tourbe est encore présente à de nombreux endroits, parfois mélangée aux alluvions et d’une épaisseur variable mais qui tend à augmenter vers l’aval du bassin jusqu’à atteindre plusieurs mètres par endroits.

Les eaux souterraines

Le bassin versant de l’Essonne est compris dans le périmètre de la masse d’eau souterraine des « Calcaires tertiaires libres et craie sénonienne de Beauce, communément appelée « Nappe de Beauce ». Le système aquifère de la nappe de Beauce comporte deux formations principales (calcaire de Beauce et de Brie Oligocène) séparées physiquement par la formation des marnes argiles vertes des calcaire Eocène. C’est la présence de cette formation imperméable qui permet entre autres au phénomène de résurgence de se mettre en place en fond de moyenne vallée. Ces résurgences permettent aussi l’installation en Essonne d’une activité de cressiculture assez développée.

Masse d’eau souterraineCodeSurface sur le territoire du SiarceCaractéristiques
Nappe de Beauce,  Calcaires tertiaires libres et craie sénonienne de BeauceFRGG092623 km2La nappe de Beauce étant majoritairement libre, elle est essentiellement réalimentée par les pluies hivernales efficaces via l’infiltration sur les plateaux. Elle joue un rôle régulateur très important : de cet apport hivernal elle assure une restitution de l’eau souterraine vers les cours d’eau et les milieux aquatiques associés (dont l’Essonne et ses affluents), tout particulièrement pendant la période d’étiage. Sa qualité est fortement altérée par la présence de pesticides et de nitrates.

Focus : L’Etat des lieux réalisés entre 2013 et 2022 montre une dégradation de l’état chimique et quantitatif des masses d’eau souterraines sur le bassin. Du fait de l’inertie de la nappe, les mesures de restauration devront être poursuivies pendant de nombreuses années avant que l’on puisse observer des résultats. Le suivi des débits réalisés entre 1896 et 2022 montre une tendance à la diminution inquiétante des débits d’étiage. L’intensité des précipitations sur des durées de plus en plus courtes et sur sol saturé peut à contrario engendrer des crues d’une ampleur significative, en période estivale. Les effets du changement climatique se font particulièrement ressentir sur le bassin.

Les eaux de surface

L’Essonne et ses affluents s’écoulent au milieu de vallées peu encaissées, creusées dans le plateau de Beauce. Le débit de l’Essonne dépend fortement du niveau de la nappe souterraine qui l’alimente, lui conférant un caractère hydrologique de « rivière de nappe » et, avec une pente moyenne d’environ 1 ‰, un régime assez lent. Sa caractéristique de rivière de nappe implique que les échanges d’eau se font de la nappe à la rivière grâce à de nombreuses résurgences et sources.

L’Essonne prend sa source dans le département du Loiret sur le plateau du Gâtinais, sur la commune de Neuville-sur-Essonne. Elle naît de la confluence de l’Oeuf et de la Rimarde. La rivière traverse ensuite 3 départements sur 98 kilomètres : le Loiret, l’Essonne et la Seine-et-Marne. Sur le secteur du Malesherbois, elle constitue la limite départementale avec la Seine-et-Marne.

Les affluents de l’Essonne quant à eux, drainent les parcelles agricoles des plateaux, reçoivent les eaux pluviales des secteurs urbanisés ou encore peuvent être alimentés par des puits artésiens utilisés pour les cressonnières. Ils viennent ensuite se jeter dans la rivière Essonne ou dans des marais annexes. Certains correspondent à des vallées sèches, ou qui étaient alimentées à l’origine par des sources ou mares aujourd’hui taries.

Le total de linéaire de cours d’eau est donc de plus de 80 km sur le territoire Essonne aval.

Masse d’eau superficielleCodeLinéaire Essonne avalCaractéristiques
L’Essonne du confluent de la Rimarde (exclu) au confluent de la Juine (exclu)HR 93B45 kmL’Essonne draine un bassin versant reposant sur le plateau des calcaires de Beauce et s’écoule dans une vallée peu encaissée. Elle présente un écoulement lent (pente d’environ 1%) influencé par un fort taux d’étagement (présence de nombreux ouvrages hydrauliques segmentant la rivière en biefs). Sa caractéristique de rivière de nappe implique que les échanges d’eau se font de la nappe à la rivière grâce à de nombreuses résurgences et sources. L’Essonne est un affluent rive gauche de la Seine et rejoint le fleuve à Corbeil-Essonnes à une altitude de 33 mètres. L’Essonne est une rivière alimentée à plus de 80% par les eaux de la nappe de Beauce, particulièrement en période d’étiage. Les caractéristiques physico-chimiques des eaux superficielles du bassin sont donc très proches de celles des eaux souterraines et l’on y retrouve un certain nombre de pollutions diffuses (nitrates, pesticides…)
L’Essonne du confluent de la Juine (exclu) au confluent de la Seine (exclu)HR 9615 km
La Velvette, affluent de l’EssonneHR 93B-F45290004,5 kmAffluent en rive gauche, il prend sa source à Prinvaux et rejoint l’Essonne en amont de Buno-Bonnevaux.
Le Ru de Misery, affluent de l’EssonneHR 96-F45920004 kmAffluent en rive gauche, il prend sa source sur le plateau de Vert-le-Grand, et rejoint l’Essonne au niveau des marais de Fontenay-le-Vicomte.
Le Ru du Ponteau0,9 kmPetit affluent en rive gauche, il prend sa source sur la commune du Malesherbois au lieu-dit Ponteau. Il a la particularité d’abriter une population d’écrevisse à pieds blancs (espèce protégée).
La Noue des Tanneurs1,8 kmAffluent en rive gauche longeant l’Essonne, intégralement sur la commune du Malesherbois, essentiellement dans des zones de marais boisées ou peupleraies.
Le ru de Cerny/D’Huison-LonguevilleFR45406003 kmAffluent en rive gauche, il prend sa source à D’Huison-Longueville et rejoint l’Essonne en amont de la Ferté-Alais. Il est bordé par de nombreuses cressonnières.
Le ru de MontmiraultFR45510001,8 kmAffluent en rive gauche, il prend sa source à Cerny, et se jette dans l’Essonne. Très artificialisé, ce ru a fait l’objet de travaux de restauration. Il abrite également une population de truitelles.
Le ru de Boigny1,5 kmAffluent en rive droite, il prend sa source dans une cressonnière sur la commune de Baulne, et conflue avec l’Essonne plus en aval.
Le ru de BallancourtFR45570003 kmAffluent en rive droite, il prend sa source sur les hauteurs de la commune de Ballancourt-sur-Essonne et rejoint l’Essonne après avoir traversé la commune. C’est un cours d’eau fortement artificialisé. Certains de ces tronçons sont busés.
Le ru du VauFR45930001.2 kmAffluent en rive gauche, il prend sa source sur le plateau agricole et se jette dans les marais de la commune d’Echarcon.
Le ru des Reignault0.8 kmAffluent en rive droite qui prend sa source à Fontenay-le-Vicomte pour rejoindre les marais Espaces Naturels Sensibles.

Focus : L’Etat des lieux réalisés entre 2013 et 2022 montre une amélioration de la qualité écologique/chimique des masses d’eau de surface sur le territoire Essonne aval.  Il reflète la tendance observée dans la plupart des bassins versants du territoire Seine-Normandie. Toutefois, en 2019, on constate que l’Essonne est en bon état écologique et en mauvais état chimique, dû à la présence notamment d’hydrocarbures. Deux affluents sont quant à eux en état écologique moyen, la Velvette avec plusieurs indicateurs chimiques et biologiques moyens (poissons, macroinvertébrés) et le Ru de Miséry en mauvais état chimique et en mauvais état écologique avec de nombreux paramètres déclassants (macroinvertébrés, diatomées, phosphore, azote, Métazachlore, Diflufenicanil).

Les espaces naturels

Le bassin versant de l’Essonne compte environ 88 000 hectares de terres cultivables, représentant 46 % du bassin, complétés par des secteurs urbanisés au nord et par des forêts sur la partie intermédiaire. L’activité prédominante sur les plateaux est l’agriculture. Le bassin versant de l’Essonne, particulièrement sur sa partie en amont, couvre notamment une partie du plateau de Beauce, principalement occupé par de grandes cultures.

En aval du bassin versant, on distingue un tissu industriel et urbain qui s’est développé peu à peu, principalement sur les agglomérations de Mennecy, Lisses, Villabé et Corbeil-Essonnes. Ce tissu est composé de foyers résidentiels et d’activités économiques et industrielles (aviation, micro-électronique, agroalimentaire, BTP…). Les activités industrielles passées (poudreries, papeteries, minoteries…) marquent encore de leur présence le paysage Essonnien.

Le département de l’Essonne (moitié aval du bassin versant), avec près de 42 000 hectares de forêts et marais, apparaît comme une étendue avec un fort caractère naturel et verdoyant. Ces milieux naturels, représentent environ 22 % du bassin. Ces milieux sont composés également de zones humide et d’espaces naturels sensibles.

On recense près de 2 300 hectares de zones humides en vallée de l’Essonne, se répartissant comme suit :

  • 1 800 hectares en Essonne,
  • 140 hectares dans le Loiret,
  • 325 hectares environ en Seine-et-Marne.

Ce bassin est caractérisé par la présence de nombreux milieux naturels humides remarquables : les cours d’eau,  marais, plans d’eau, et milieux humides constituent à la fois des réservoirs de biodiversité et des corridors écologiques, définis dans la Trame Verte et Bleue (TVB) du Schéma Régional de Cohérence Ecologique (SRCE). La rivière Essonne est classée en réservoir biologique depuis l’amont du territoire Essonne aval jusqu’à la Ferté-Alais. Un réservoir biologique, qu’il s’agisse d’un cours d’eau, d’un tronçon de cours d’eau ou d’une annexe hydraulique, est un secteur jouant le rôle de pépinière, de « fournisseur » d’espèces susceptibles de coloniser une zone appauvrie du fait d’aménagements et d’usages divers. Ils comprennent une ou plusieurs zones de reproduction ou d’habitat des espèces de phytoplanctons, de macrophytes et de phytobenthos, de faune benthique invertébrée ou d’ichtyofaune, et permettent leur répartition dans un ou plusieurs cours d’eau du bassin versant.

Le plus grand secteur de marais du département de l’Essonne se situe dans la basse vallée de l’Essonne à cheval sur les communes de Mennecy, Echarcon, Fontenay-le-Vicomte et Vert-le-Petit. Il s’agit de l’une des dernières zones humides écologiquement préservée encore présente en Île-de-France. Les zones humides remplissent 3 grandes fonctions principales qui répondent à des services écosystémiques de support, de régulation, de production ou encore culturels :

  • Fonction hydrologique : soutien d’étiage, écrêtement des crues, alimentation des nappes phréatiques, qui contribuent à des services de régulation : lutte contre la sécheresse, prévention des inondations, recharge en eau potable…
  • Fonction biogéochimique : développement du cycle du carbone, de l’azote, du phosphore, qui contribuent à des services de régulation : épuration de l’eau, stockage de pollutions, régulation de la température…
  • Fonction biologique : habitat, réservoir de biodiversité et corridor écologique, qui contribuent à des services de régulation : vie faunistique et floristique, pêche, éducation à l’environnement, tourisme…

On dénombre sur le bassin 4 sites Natura 2000, de nombreuses ZNIEFF de type 2 et plusieurs de type 1, des Arrêtés de Protection de Biotope, des Espaces Naturels Sensibles (ENS)… Ces classements permettent de protéger les espaces naturels au regard de leurs conditions d’aménagement. La vallée de l’Essonne est également classée au titre des paysages sur toute la moitié amont du territoire Essonne aval. A ce titre, tous les projets d’aménagement et de modification substantielle du paysage sont étudiés et instruits à autorisation par la Commission des Sites Classés chaque année, afin d’étudier s’ils respectent l’histoire et l’intégration paysagère dans leurs différents aspects.

Les ouvrages hydrauliques

L’histoire du bassin versant de l’Essonne a marqué l’évolution de la rivière. La présence des activités autour de la rivière depuis le Haut Moyen-Age, ont conduit à son calibrage, sa rectification, et son étagement, conduisant à un style fluvial à chenal quasi unique, plus éloigné de son style anabranche et sinueux originel. On dénombre sur la rivière 153 ouvrages hydrauliques dont environ 45 sur le territoire du SIARCE. Parmi ces ouvrages, seul le Moulin du Gué à Baulne-Itteville est encore en activité. Au niveau du patrimoine culturel, outre les sites et monuments reconnus nationalement, de petits éléments architecturaux liés à la présence de l’eau jalonnent le territoire et peuvent présenter une certaine valeur patrimoniale ou architecturale. Ils témoignent d’une activité ancienne liée à l’eau.

On retrouve ainsi parmi ces ouvrages, 32 moulins, presque tous situés sur le cours de l’Essonne. Ces ouvrages mis en place depuis plusieurs siècles, ont mis à contribution la force hydraulique afin de développer de nombreuses activités minotières. Ces derniers bénéficiaient de droits d’eau, fondés en titre, qui aujourd’hui sont révolus.

Dans les années 1990, le SIARCE a acquis la majorité de ces ouvrages afin de pouvoir mettre en œuvre une gestion cohérente des niveaux sur l’ensemble du bassin. Ces ouvrages ont été modernisés et leurs organes hydrauliques et moteurs majoritairement automatisés (vannes, clapets) afin de pouvoir réguler à distance, des niveaux constants. Ainsi, depuis 2001, les niveaux d’eau de chaque bief (tronçon entre deux ouvrages) ont été fixés par arrêté préfectoral.

Ces derniers peuvent être amenés à être modifiés dans plusieurs cas, notamment lors d’une crue ou lors de projets de restauration des dynamiques hydromorphologiques de la rivière (ouverture, effacement d’ouvrage, aménagement d’ouvrage…). Afin de minimiser les contraintes sur la mobilité du cours d’eau le SIARCE a aménagé, réhabilité et restauré, depuis une vingtaine d’années, plus de 25 sites hydrauliques et aménagé des ouvrages de franchissement pour la faune piscicole et les sédiments. En cas d’inondation, les ouvrages en lit mineur, tels que les clapets et vannes sont rendus le plus transparent possible au passage d’une onde de crue, par l’ouverture complète des vannes et l’abaissement total des clapets.

Quelques ouvrages contribuent localement à sur-inonder des secteurs souvent vulnérables vis-à-vis de l’inondation : l’ouvrage d’Echarcon dont la manœuvre de montée du clapet au passage d’une onde de crue permet de forcer les débordements vers les marais, et la dérivation de Gironville-sur-Essonne qui permet de délester un bras de l’Essonne pour forcer la plus grosse fraction de l’onde de crue à traverser les marais se trouvant en fond de vallée.

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